Michel nous a quittés
Michel avait toujours une histoire à raconter. C’était
sans doute sa manière de nous rappeler qu’il plaçait
la convivialité et la bonne humeur au-dessus de tout.
Ainsi, il n’était pas rare qu’en attendant
l’ouverture d’un Conseil de notre Institut, il en
plaçât une ou deux, et là, soudain, le brouhaha
d’avant séance disparaissait pour faire place à la
dernière de Michel.
Michel Bignier était un être exquis. Je me souviens, je l’avais
rencontré, pour la première fois, lors du Congrès de la
Fédération Internationale Astronautique de Malaga en Espagne,
en 1989. D’emblée, j’avais été sous le charme
de cet homme affable et débonnaire dont la rondeur ne pouvait qu’inspirer
confiance. Il ne me connaissait pas et sans doute avait-il entendu parler de
mon intérêt pour la mise en valeur de l’histoire de l’Espace
français. Il n’en fallait pas plus pour qu’il me proposât
de développer cela au sein de l’Association Aéronautique
et Astronautique de France (AAAF) dont il était alors le Président.
C’était comme cela, Michel avait le cœur sur la main et faisait
immédiatement confiance à ceux qui avaient un projet. Depuis,
nous ne nous sommes plus quittés : AAAF, ANAE (Académie Nationale
de l’Air et de l’Espace) et IFHE.
C’est donc en 1999 qu’il devenait le Président-Fondateur
de notre Institut qu’il conduisit pendant cinq années en déployant
les plus gros efforts pour convaincre la communauté spatiale de mieux
sauvegarder son patrimoine historique et de faire confiance à l’IFHE
dans ce domaine. Et je dois dire, qu’à la fois, l’éminent
rôle qu’il a joué pendant plus de 50 ans dans les affaires
spatiales françaises et européennes et l’aura qui était
le sien au sein de cette communauté ont fait merveille. Grâce à lui,
l’IFHE s’est tout de suite placée sur la bonne orbite.
Avec Michel rien n’était tabou. Tous les sujets pouvaient être
abordés. D’ailleurs, il s’intéressait à tout.
A l’histoire certes, mais aussi au futur, à l’Espace bien
sûr mais aussi à bien d’autres sujets. En réunion,
son sens du dialogue et du bien commun faisaient merveille.
Cher Michel, comme tu le vois, j’aurai encore de nombreuses choses à dire
sur toi tant tu as marqué nombre d’entre nous par tes compétences,
tes idées et ta gentillesse. Mais je sais que je dois m’arrêter
là car ta modestie et ta retenue me conseillent de ne pas aller plus
loin.
Sache cependant que tous tes amis de l’IFHE et de l’Espace pensent énormément à toi
en ce moment et n’ont qu’un souci, poursuivre ce que tu as entrepris.
Tu nous manqueras.
Jacques Villain
Président